Voici une vingtaine d’années, Hacine CHERIFI dont le manager était Jean-Marc PERONO, a détenu l’espace de onze mois le titre de champion du monde W B C des poids moyens. Une des deux catégories reines - avec les poids lourds- qui frappent les esprits. Les poids moyens, catégorie dans laquelle s’est illustrée Marcel CERDAN le plus grand boxeur français de tous les temps. Hacine CHERIFI avait mené sagement sa carrière et il avait gravi peu à peu les échelons, devenant dans un premier temps champion de France (1995-1996) puis champion d’Europe (octobre 96 à décembre 97). Il abandonna son titre européen afin de s’attaquer à la couronne mondiale. Le 2 mai 1998, Hacine CHERIFI devenait champion du monde à Villeurbanne en battant l’Américain Keith HOLMES. Ce dernier était un pur gaucher mais CHERIFI avait pris tous les risques et marché inlassablement sur son adversaire. Les juges accordaient la victoire au Français (115-113 ; 115-112, 115-113) ce que contesta HOLMES. En ce joli mois de mai 1998, la France comptait pas moins de cinq champions du monde. Un vrai record même si la multiplicité des Fédérations et des titres mis en jeu pouvait expliquer cette réussite. Outre Hacine CHERIFi, Khalid RAHILOU( super-légers en W B A) ; Laurent BOUDOUANI (super-welters en W B A) ; Jean-Baptiste MENDY (légers en W B A) ; Fabrice TIOZZO( lourds-légers en W B A). Vainqueur de justesse à Villeurbanne, Hacine CHERIFI dut accorder un combat revanche à HOLMES mais cette fois aux Etats-Unis en avril 1999. Ce combat s’est déroulé à Washington, pas très loin de la Maison Blanche en présence de 12.000 spectateurs. Cette fois, CHERIFI ne pouvait pas compter sur ses supporters. Pour la première fois, la W B C décidait qu’au terme des 4e et 8 rounds, le pointage des juges serait annoncé au public. Malheureusement, CHERIFI qui n’avait nullement démérité et même tenu la dragée haute à l’Américain, était arrêté par l’arbitre Frank CAPPUCINO alors que rien n’était vraiment joué. Certes, deux juges sur trois donnaient l’Américain menant aux points mais CHERIFI qui dans le passé avait affiché un cœur admirable et renversé souvent des situations désespérées, estimait qu’il n’était pas du tout battu et qu’il pouvait poursuivre le combat. D’autant qu’au cours de ce combat, le Français n’avait jamais été compté par l’arbitre. Hacine CHERIFI était même remonté après l’arbitre « Je préfère perdre par ko que dans ces conditions, » répétait-il à l’envoyé spécial du journal l’Equipe André-Arnaud FOURNY. Hacine CHERIFI n’avait pas changé sa façon de vivre durant cette année au cours de laquelle, il était champion du monde. Il avait gardé son travail à la mairie de Rillieux la Pape près de Lyon et se consacrait à son épouse Malika et ses enfants. Mais ce que CHERIFI regrettait surtout, c’est qu’il n’avait pas eu la possibilité de défendre plus souvent son titre mondial en France notamment. Les télés à l’exception de Canal-Plus, ne se bousculaient pas pour promouvoir la boxe de haut niveau. Et sans télé, pont d’organisation. En tout cas, Hacine CHERIFI a fait honneur à son sport.

Lionel HERBET